Les scientifiques qui travaillent dans le domaine du développement durable ont identifié neuf limites planétaires qui assurent la stabilité sur notre Terre. Dépasser n’importe laquelle de ces limites est source d’incertitude et de volatilité pour la vie sur notre planète. Nous avons franchi six des neufs limites planétaires définies, à savoir les nouvelles pollutions chimiques, le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, le changement d’usage des sols, le cycle de l’eau douce et la perturbation des cycles biogéochimiques. Chaque limite représente un système complexe où il existe des points de basculement susceptibles de déclencher des changements exponentiels. Johan Rockström, directeur du Potsdam Institute pour la recherche sur l’impact du climat, explique ce qui risque de se produire si une seule de ces limites est dépassée.
Affronter l'incertitude et la complexité demande une collaboration scientifique afin de découvrir les meilleures idées dans le domaine de la science de la durabilité. Pour mobiliser la recherche mondiale sur les limites planétaires, la Frontiers Research Foundation a créé le prix Frontiers Planet (FPP) à l’occasion de la Journée de la Terre. L’objectif était d'encourager les scientifiques et les institutions de recherches à proposer des solutions pour aider la planète à rester dans l’espace de fonctionnement sûr d’une ou plusieurs des 9 limites planétaires.
La fondation a été créée par Frontiers Media, un éditeur de recherche et une plateforme scientifique ouverte dont la mission est d'accélérer le progrès scientifique, sans être limitée par les frontières nationales.
Elle appelle la science à être bienveillante, à partager et à oser : à l’écoute des besoins des personnes et de la planète, ouvertement collaborative et audacieusement ambitieuse.
La compétition
Le prix Frontiers Planet vise à « accélérer les solutions scientifiques pour des vies saines sur une planète saine » en s’engageant avec des scientifiques dont les travaux portent sur des projets ayant le plus grand potentiel pour guérir et stabiliser l’écosystème mondial.
L’un des moyens d’y parvenir est de prendre connaissance et de récompenser les solutions qui présentent un potentiel mesurable pour aider l’humanité à rester dans les limites de l’écosystème terrestre. Le concours permet aux scientifiques qui le souhaitent de participer par l’intermédiaire de leur établissement de recherche ou de leur université, qui ont accepté d’agir en tant qu’organisme national de nomination (ONN). L’ONN contacte le/la scientifique principal.e des articles scientifiques les plus prometteurs et l’invite à poser sa candidature au prix. L’ONN examine ensuite chaque candidature et envoie les trois premières à l’académie nationale des sciences du pays, qui agit en tant qu’organisme national représentatif (ONR). Le ONR présélectionne trois candidatures pour représenter le pays, qui sont envoyées au jury de 100 personnes. Julia Marton-Lefèvre, la présidente du Villars Institute Foundation, est membre de ce jury international. À l’issue d’un premier scrutin, le titre de Champion.ne national.e est attribué à la candidature gagnante pour chaque pays participant. Après un second scrutin, trois champion.ne.s internationaux/ales sont sélectionné.e.s parmi les champion.ne.s nationaux/ales. Chaque champion.ne international.e remporte un million de francs suisses pour faire avancer sa recherche.
Les solutions à des problèmes complexes récompensées
Les lauréat.e.s du tout premier prix ont été récompensé.e.s pour leurs travaux scientifiques sur les solutions à la sécheresse, les moyens de subsistance durables en Amazonie, la réduction des produits chimiques nocifs et les ressources alimentaires durables.
Le prix Frontiers Planet pour la réduction des émissions d’azote en vue d’atténuer la pollution atmosphérique
L’excès d'azote nuit à la santé et aux écosystèmes et pollue l’eau, ce qui a de graves répercussions sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. Baojing Gu, de Zhejiang University en Chine représente le groupe international de recherche sur la gestion de l’azote de Zhejiang University et travaille à la réduction de la pollution mondiale par les particules PM2.5 (les particules fines) en réduisant les émissions d’azote jusqu’à ce qu’elles respectent la limite planétaire de sécurité
Le professeur Gu déclare : « la réduction de l'ammoniac est plus rentable que celle des oxydes d’azote pour atténuer la pollution de l’air par les particules PM2.5 ».
Le prix Frontiers Planet pour la modification des comportements alimentaires en vue de protéger la nature et la biodiversité
To reduce environmental impacts through changes to food production and consumption, Dr. Paul Behrens, of Leiden University, The Netherlands, leads research at Leiden University’s Institute of Environmental Sciences, that examines how shifting to a plant-based diet could release land in high-income countries and, by returning it to nature, improve biodiversity, water and air quality.
Paul Behrens, de l'université de Leyde, aux Pays-Bas, dirige des recherches à l'Institut des sciences de l'environnement de l'université de Leyde, qui examinent comment l'adoption d'un régime alimentaire à base de plantes pourrait libérer des terres dans les pays à revenu élevé et, en les rendant à la nature, améliorer la biodiversité et la qualité de l'eau et de l'air.
Le docteur Behrens affirme : « Le changement de régime alimentaire dans les pays à revenu élevé peut à lui seul conduire à un double bénéfice climatique substantiel ».
Le prix Frontiers Planet pour permettre de meilleures décisions afin de construire des communautés et des écosystèmes plus résilients
Le monde doit s’adapter aux conséquences du changement climatique pour protéger les communautés et les écosystèmes vulnérables. Le professeur Mark New, de l’université du Cap, en Afrique du Sud, représente la chaire de recherche AXA sur le risque climatique en Afrique, basée à l’initiative pour le climat et le développement en Afrique, qui se concentre sur la quantification des impacts socio-économiques du changement climatique et sur la mise en évidence des adaptations les plus efficaces.
Parmi les exemples, citons l’élimination des arbres envahissants non indigènes en Afrique du Sud afin de renforcer les écosystèmes et de réduire les effets du changement climatique. Les travaux consistent à mieux informer les décideurs/euses et les investisseurs/eures, ce qui contribuera, en dernier lieu, à rendre les systèmes naturels et humains plus résistants.
Le professeur New démontre que « les solutions basées sur la nature dans les bassins versants de montagne réduisent l’impact du changement climatique anthropogénique sur le débit des cours d’eau en période de sécheresse ».
Le prix Frontiers Planet pour la protection des écosystèmes naturels au service de l’économies et de la société
Carlos Peres, de l’université d'East Anglia au Royaume-Uni est originaire de Belém, dans l’est de l'Amazonie brésilienne et dirige le groupe de recherches sur l’écologie et la conservation de l’Amazonie à l’université d'East Anglia. Ses recherches avec l’organisation de conservation à but non lucratif Instituto Juruá se sont concentrées sur la protection des plaines inondables tropicales et des écosystèmes forestiers dans les régions tropicales marginalisées.
Ce programme de conservation et de développement « gagnant-gagnant » vise à protéger des écosystèmes naturels pratiquement intacts et à offrir aux communautés locales un revenu durable, une éducation et des soins, ainsi qu’un accès aux marchés et aux technologies de l’information.
Selon les propres termes du professeur Peres : « les zones protégées à usage durable catalysent l’amélioration des moyens de subsistance dans les zones rurales d'Amazonie ».
Le Villars Institute se réjouit de renforcer ce partenariat avec Frontiers, et l’engagement des scientifiques du prix Frontiers Planet dans sa mission d’accélérer la transition vers une économie nature positive et nette-zéro, grâce à une collaboration interdisciplinaire, intergénérationnelle et entrepreneuriale.