Les avancées scientifiques et technologiques se produisent à un rythme sans précédent et les découvertes de demain prennent déjà forme grâce aux résultats d’aujourd’hui. La Fondation Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA), créée en 2019, défend l’idée que l’anticipation est la clé pour construire un avenir durable et inclusif en tirant parti du plein potentiel des nouvelles découvertes pour le bien-être collectif des populations et de la planète.
Une délégation de nos Villars Fellows a assisté au sommet annuel du GESDA où ils ont pu en apprendre davantage sur les nouvelles technologies et les découvertes scientifiques qui modèleront l’avenir. Les Fellows révèlent ici celles qui leur tiennent le plus à cœur et comment ces avancées pourraient façonner notre avenir proche.
Olivia Avalos Villar, 17 ans, International School Basel
Éclaircir les nuages et injecter des aérosols stratosphériques – deux techniques qui visent à compenser le réchauffement climatique anthropique en renvoyant dans l’espace une infime fraction du rayonnement solaire entrant – font partie des avancées qui comptent pour moi et pour ma génération. En utilisant exclusivement des substances naturelles, l’éclaircissement des nuages marins est peu coûteux et peut se faire de façon très localisée. Quant à l'injection d’aérosols stratosphériques, bien que sa durée de vie et que sa logistique d’acheminement restent encore incertaines, son processus naturel et son extensibilité sont impressionnants et, compte tenu de la probabilité d’un dépassement du seuil de carbone, ces deux techniques peuvent être utilisées comme mesures temporaires pour contrôler le réchauffement climatique.
Un autre sujet important abordé lors du sommet était l’accélérateur de décarbonisation. C’est l’idée que, si l’on utilise l’avenir pour construire le présent, on peut accélérer la mise en œuvre des nouvelles technologies. Le problème est que l'on manque de bon dialogues ainsi que des réponses systémiques et un leadership responsable et courageux. Pour pouvoir correctement mettre des technologies de pointe en pratique, nous devons être préparés à prendre des risques et à prendre les bonnes décisions, même lorsque nous ne sommes pas encore complètement prêts.
Notre dépendance collective aux combustibles fossiles est en train de nous tuer lentement mais sûrement, nous et notre planète, et la décarbonisation est donc la clé pour un avenir durable. Nous devons atteindre des émissions nettes nulles d’ici aux années 2050 pour éviter de franchir le point de non-retour. Le moyen le plus simple d’y parvenir est d’opérer des changements méthodiques et innovants, secteur par secteur, tant au niveau du développement commercial que de de la technologie.
Eloïse Westfeldt, 17 ans, Collège du Léman
Voir tant d'experts et d'entrepreneurs issus de différentes sphères du monde des affaires, de la technologie et de la science se réunir lors du sommet GESDA de cette année pour trouver des solutions m'a donné l'espoir que ma génération voie un avenir brillant.
Parmi les panels que j’ai préférés figurent “Déchiffrer l’immunome humain grâce à l’IA” et “Le nouveau paysage géopolitique de la science”, qui ont tous deux apporté des idées essentielles au sommet.
Pour réussir à prendre les bonnes mesures en temps voulu, nous devons travailler ensemble pour faire progresser efficacement les développements scientifiques et technologiques et pour instaurer la confiance entre les structures de recherche, entre ces structures et le public, et entre les structures des différents pays.
Informer le public sur ces avancées technologiques est fondamental pour préserver la confiance entre celui-ci et les chercheurs. Soumya Swaminathan a expliqué que nous ne devons pas seulement partager ce que nous savons, mais aussi ce que nous travaillons à découvrir.
Un détail important que le professeur Tan Chorh Chuan a porté à mon attention est que si nous devons continuer à partager des données, elles ne doivent pas être diffusées sans précaution. S’il n’y a pas d’interprétation claire des données, on risque d’en tirer des conclusions erronées, quelle que soit leur exactitude, ce qui conduit inévitablement à une désinformation de masse.
En outre, les panels ont discuté de l’état de fragmentation et du manque important de multilatéralisme dans notre monde. Il est clair que, pour relever les défis auxquels notre monde est confronté, les institutions existantes doivent s’adapter à l'évolution de la planète, voire se réinventer complètement.
Sofiia Martianova, 17 ans, ETH Zurich
Les technologies émergentes se créent à un rythme effréné. Toutefois, les responsables politiques internationaux doivent développer de nouvelles réglementations pour de ces technologies – avant qu’elles ne fassent plus de mal que de bien. L’intelligence artificielle fait déjà la majorité de nos choix numériques à notre place, ce qui soulève des problèmes de démocratie. De nombreux avantages découleront de l’élaboration d’une réglementation mondiale de l'espace numérique, mais comment inciter les responsables politiques à développer ces règles ? Un système de taxation, conçu spécifiquement pour l’Internet, pourrait être une solution. Le problème actuel est que l’Internet est complètement décentralisé, ce qui peut avoir des répercussions sur la sécurité de la société.
Il est également nécessaire d’élaborer un programme universel de sciences et de diplomatie, qui servira de point de départ aux leaders de demain, afin de préparer une autre transition dans le développement de la société. Ce qui se passe en ce moment – les bouleversements géopolitiques, la pandémie en cours, le changement climatique et le progrès technologique – fait partie de la transition de l’humanité vers le niveau de développement suivant. On entend fréquemment dire que les générations précédentes ne se sont pas préoccupées de la situation et que c’est maintenant à nous de faire face aux problèmes qu’elles ont créés – c’est faux. Chaque génération a dû s’impliquer dans la résolution de problèmes globaux, mais les problèmes et leur signification ont changé au fil du temps. À l’heure actuelle, nous assistons à une transition normale d’ordre mondial, un phénomène qui se produit tous les 70-80 ans.
La société est confrontée à de nouvelles luttes comme jamais elle n’en a connues auparavant, mais c’est face à l’adversité que l’on apprend et que l’on grandit. Les défis nous ont enseigné que la coopération et la confiance sont les clés pour un développement sain de l’humanité, et le programme universel de sciences et de diplomatie nous apprendra à nous rassembler en communautés et à construire des ponts entre ces communautés partout dans le monde.
Le plus grand défi auquel nous faisons face actuellement est de réunir les gens par la confiance. On peut instaurer la confiance par la coopération, et la coopération est la clé d’une stabilité mondiale. Le monde est confronté à des défis mondiaux cruciaux et on doit apprendre à vivre ensemble et à se faire confiance, ainsi qu’à utiliser la pensée systémique pour anticiper au mieux notre avenir et créer un présent serein et profitable.