Si ce n’est pas mesurable, ce n’est pas réparable
Les résultats d’un bilan de santé, scientifique et historique, de la planète ont été dévoilés lors de la Semaine du climat 2024 à New York, indiquent que les systèmes terrestres restent en danger. Cette semaine est la première d’une série de mises à jour annuelles sur l’état de chaque limite planétaire. « [En quantifiant les limites d’une planète en bonne santé, nous fournissons aux politiques,à l’économie et aux entreprises les outils nécessaires pour éviter des risques ingérables] (https://www.pik-potsdam.de/en/news/latest-news/earth-exceed-safe-limits-first-planetary-health-check-issues-red-alert#:~:text=The%20Planetary%20Health%20Check%20shows,clear%20trend%20towards%20further%20transgression.) », a déclaré Johan RockStröm, directeur du PIK (Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique), pionnier du cadre des limites planétaires et co-fondateur de Planetary Guardians.
L’industrie sidérurgique, l’un des secteurs les plus gourmands en ressources, se situe au carrefour de ces frontières et concerne les émissions de carbone et l’utilisation de l’eau douce aux émissions atmosphériques et la consommation de ressources. En particulier, la production de fer et d’acier représente environ 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), ce qui fait de la décarbonisation de ce secteur un élément central pour atténuer le changement climatique. Afin de s’aligner sur les objectifs climatiques mondiaux et parvenir à un système d'énergie net-zéro, le secteur doit réduire ses émissions d’au moins 90 % d’ici à 2050.
Une approche coordonnée pour accélérer la transition vers un acier à faible teneur en carbone
L’acier joue un rôle stratégique essentiel dans toutes les économies et sociétés, et constitue l’épine dorsale d’autres secteurs, notamment l’industrie manufacturière, les infrastructures, les transports et le secteur de l’énergie. L'acier constitue également un élément essentiel pour la construction d'infrastructures énergétiques à faible teneur en carbone, servant ainsi de base à une décarbonisation industrielle plus large. Selon Worldsteel, les dix premiers producteurs d’acier produisent près de 30 % de la production mondiale d’acier, tandis que la Chine représente plus de la moitié de la production mondiale.
Pour atteindre les objectifs net-zéro d’ici à 2050 il faut prendre des mesures immédiates et à grande échelle. C’est pourquoi plus de 50 organisations, dont des entreprises sidérurgiques et des associations industrielles, des organismes de normalisation, la société civile et des organisations internationales se sont unies pour harmoniser des méthodes de mesure – une étape essentielle pour accélérer la transition de l’industrie avec plus de rapidité et d’ampleur.
Les [principes des normes pour l’acier] (https://www.wto.org/english/tratop_e/envir_e/steel_standards_principles_e.pdf) ont été lancés lors de la conférence des Nations Unies sur le climat (COP 28) à Dubaï, dans les Émirats arabes unis, pour servir de guide mondial à la communauté en pleine expansion des entreprises, organisations et organismes de normalisation qui les soutiennent. Ensemble, ils développent des outils pour un changement systémique. Travailler en collaboration permet non seulement de mieux coordonner la chaîne d’approvisionnement en tirant parti de l’expertise et des ressources collectives, mais aussi d’unifier davantage la demande et les investissements pour stimuler la croissance du marché et l’alignement des politiques.
Assemblée annuelle 2024 : du lancement à l’action
Un an après son lancement, la première réunion annuelle des principes de normalisation de l’acier s’est tenue à [Villars] (https://villarsinstitute.org/fr/posts/alpine-inspiration-villars-sur-ollon), en Suisse, sous les auspices conjoints du [Villars Institute] (https://villarsinstitute.org/fr), de l’[Institut international du fer et de l'acier] (https://worldsteel.org/) et du Secrétariat de l’[Organisation mondiale du commerce] (https://www.wto.org/indexfr.htm).
Les dirigeant·es des entreprises et organisations signataires, ainsi que d’autres partenaires, se sont réuni·es pour une réunion de travail de deux jours afin de collaborer sur des pistes d’action dans trois thématiques : interopérabilité et reconnaissance, données et facteurs d’émission, analyse SWOT et planification de la conférences des Nations Unies sur le climat à Bakou (COP 29).
Interopérabilité et reconnaissance : l’interopérabilité fait référence à la capacité des systèmes à fonctionner ensemble de manière transparente, tandis que la reconnaissance implique l’acceptation d’approches différentes pour atteindre le même objectif.
- Interopérabilité : différentes initiatives et différents pays ou régions utilisent des normes variées pour comptabiliser les émissions de GES provenant de la production d’acier, au niveau du produit, de l'installation et de l’entreprise. L’élaboration d’approches permettant la normalisation et la conversion des critères de mesure est essentielle pour assurer une cohérence au niveau mondial.
- Reconnaissance : les critères de reconnaissances permettent de s’assurer que les normes sont uniformément comprises et acceptées dans les différentes régions et organisations afin de faciliter le commerce transfrontalier et la conformité.
- Outils de conversion : à l’avenir, la création d’outils permettant de convertir les normes de mesure et d’harmoniser les pratiques pour établir des rapports peut contribuer à relever les défis posés par la diversité des réglementations et des normes nationales.
Données et les facteurs d’émission : un exercice de cartographie holistique mené par l’Institut international du fer et de l'acier est un effort mondial pour évaluer le paysage actuel des nombreuses méthodologies et normes liées aux GES pour le secteur de l’acier et dans le but de mettre en évidence les domaines où un alignement serait bénéfique. Les approches visant à améliorer la transparence de la qualité et de la collecte des données (par exemple en divulguant la part des émissions calculées à partir de données primaires) et à harmoniser la source et l’utilisation des facteurs d’émission ont été discutées.
Analyse SWOT et planification pour la COP 29 : avant de se plonger dans une analyse SWOT pour en identifier les principales forces, faiblesses, opportunités et menaces pour la mise en oeuvre des principes, les influences mondiales telles que l’essor de l’hydrogène à faible teneur en carbone, les usines numérisées et circulaires, ainsi que le nombre croissant d’ajustements carbone aux frontières (MACF) – qu’ils soient conçus ou adoptés – ont également été pris en compte dans les discussions. La communauté s’est engagée à développer un récit plus inclusif autour des Principes de normalisation de l’acier sur la route de la COP 29 en tant qu’étape critique dans le processus d’engagement des parties prenantes essentielles.
Un certain nombre de thèmes transversaux importants sont également ressortis de la réunion, notamment l'importance de la transparence et de la mise en place de systèmes de vérification solides, lesquels sont essentiels pour promouvoir les investissements dans les technologies à émissions net-zéro. Des normes claires et cohérentes contribuent à instaurer la confiance et à réduire la confusion chez les consommateurs. La réunion a également débouché sur un engagement commun en faveur de l’élaboration d’un glossaire de termes et de définitions. Il s’agit d’une base essentielle pour parvenir à une compréhension commune des indicateurs et des objectifs, pour normaliser les pratiques et les critères de référence, pour faciliter la collaboration entre les secteurs, pour renforcer la confiance des consommateurs et des investisseurs, et pour garantir des mesures et des rapports plus précis.
Permettre un changement systémique grâce à la transition vers un acier vert
À l’avenir, il sera essentiel de renforcer la collaboration entre les différent·es acteurs et actrices et de galvaniser les efforts pour relever le double défi du climat et de la biodiversité de manière intégrée. Cela demande d’aligner la transformation de l’industrie sidérurgique sur des événements clés comme la COP 29 sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan, et la COP 16 sur la biodiversité à Cali en Colombie. La transition de l’industrie sidérurgique ne peut se faire de manière isolée. La communauté des principes de normalisation de l’acier est un véritable exemple de la raison pour laquelle le [leadership systémique] (https://villarsinstitute.org/fr/posts/systems-leadership-why-it-matters-for-our-future) est essentiel pour la transformation de tout secteur difficiles à stabiliser. Alors que les nations s’efforcent d’atteindre les objectifs de la croissance durable, l’acier demeure au cœur du progrès, stimulant les avancées tout en façonnant l’avenir des industries mondiales et de la société dans son ensemble.
En tant qu’organisation signataire de ces principes ambitieux, le Villard Institute se réjouit de faciliter la poursuite du voyage de la communauté en tant que moteur essentiel de la transition vers un avenir plus durable et plus résilient.