Un leadership de systèmes : pourquoi cela est important pour notre avenir

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Un leadership de systèmes : pourquoi cela est important pour notre avenir

Il est facile d’être cynique à l’idée de « changer le système ». Lorsque l’on voit comment les structures des sociétés démocratiques ne parviennent pas à prendre au sérieux les problèmes mondiaux urgents de notre époque, baisser les bras en désespoir de cause est une réaction compréhensible.

Mais un changement est possible. Ces dernières années, nous avons acquis une meilleure compréhension du fonctionnement des systèmes complexes et abstraits - tant en théorie qu’en pratique - et de la manière de les modifier. Le terme « systèmes », dans ce sens, englobe tous les domaines, de l’économie aux villes en passant par les écosystèmes. C’est ainsi qu’est apparue la notion émergente de leadership de systèmes.

Trouver le fil conducteur pour un impact maximum

Les écoles de management aiment accoler des adjectifs au terme “leadership” – leadership authentique, servant leadership, leadership holistique etc. Le leadership de systèmes est différent. Il ne s’agit pas de la personnalité ou du style d’un leader, mais d'un ensemble différent de compétences.

Le leadership de systèmes commence par la pensée systémique, qui fait partie des compétences les plus importantes qu’un.e jeune puisse développer. La pensée systémique va au-delà de la pensée critique, aussi importante soit-elle. La pensée systémique consiste essentiellement à établir un lien entre les choses.

Vous vous souvenez de l’avalanche de critiques lorsque Elon Musk a annoncé que Tesla accepterait les paiements en Bitcoin ? Il n’avait pas fait le lien entre la nature énergivore de l’extraction du bitcoin et le rôle des véhicules électriques dans la réduction de nos besoins des ressources de la planète.

Avec la pensée systémique, l’idée est de déterminer ce qui aura le plus grand impact. L’alimentation en est un exemple : le type de protéines que l’on choisit de consommer et leur provenance ont toutes sortes de répercussions sur l’environnement, le climat et la durabilité. Il est donc important d’avoir une vue d’ensemble.

Fondamentalement, le leadership systémique se concentre sur l’identification d’idées à fort impact et la découverte d’un fil conducteur afin de mobiliser une action collective.

Une collaboration et non un contrôle

Les problèmes qui se posent à nous exigent une approche systémique, un recul, une collaboration et un fil conducteur, à l’avance. Ainsi, on peut trouver des solutions qui fonctionnent dans l’ensemble du système et éviter les conséquences imprévues qui peuvent survenir si on ne s'attaque qu'à une seule partie du problème. Le leadership de systèmes est un dur labeur. Il n’existe pas de position d’autorité unique à laquelle aspirer. Une grande partie du leadership de systèmes est liée à l’intelligence émotionnelle – le QE plutôt que le QI, lequel est difficile à démontrer dans un CV ou dans un essai universitaire.

Selon trois grands penseurs sur le sujet, les leaders de systèmes partagent quelques attributs avec les leaders traditionnels – ils sont intelligents, ambitieux et visionnaires – mais ils savent également écouter, faciliter et faire participer des personnes ayant des priorités et des perspectives très différentes. Par-dessus tout, les leaders de systèmes sont humbles : Ils « considèrent que leur rôle est de catalyser, de rendre possible et de soutenir une action généralisée - plutôt que d’occuper eux-mêmes le devant de la scène ».

Le cynisme est ancré dans la fausse conception que pour changer un système, il faut en prendre le contrôle. Les leaders de systèmes reconnaissent que dans les systèmes complexes, personne n’a un contrôle total. Les systèmes impliquent de nombreuses personnes qui interagissent de manière complexe pour produire des boucles de feedbacks positifs et négatifs. Si l’on modifie les actions d’un nombre suffisant de personnes, alors un changement systémique peut suivre.

Échanger l’anxiété pour l’autonomie

Le leadership de systèmes peut parfois supposer de laborieuses négociations mais elle peut aussi consister à élaborer un nouveau récit inspirant. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la narration pour rallier les gens à de nouvelles façons de faire les choses.

Comme le dit John Hagel, les récits façonnent notre vision de l’avenir, et notre vision de l’avenir façonne nos actions d’aujourd’hui. Les récits fondés sur la menace peuvent paralyser les gens en leur faisant craindre l’avenir, mais les récits basés sur des opportunités peuvent nous inciter à agir d’une manière qui, à son tour, contribue à concrétiser l’avenir que nous prévoyons.

La création d’un changement durable dans les trois domaines sur lesquels nous nous concentrons au Villars Institute - la transition énergétique, les solutions fondées sur la nature et les technologies émergentes - exige un leadership de systèmes. Cela nécessite également une collaboration intergénérationnelle, en associant la curiosité et l’ambition des jeunes à l'expertise de celles et ceux ayant une plus grande expérience du fonctionnement des systèmes.

Nous avons pour objectif de sensibiliser les jeunes au leadership de systèmes, et par ce biais, de leur inspirer un sentiment d’autonomie - une approche qui rejette le cynisme mais sans être naïve pour autant. Nous pouvons faire face à tout ce qui ne va pas dans le monde avec l’espoir qu’un changement est possible.

Pour en savoir plus sur ce qu'il faut rechercher chez les futur.e.s leaders de systèmes : cinq traits de caractère d'un.e futur.e leader de systèmes.