Le changement climatique, la pollution et la perte de la biodiversité, découlent tous de l’activité humaine. C’est pourquoi nous avons également dépassé six des neuf limites planétaires qui rendent la vie habitable pour toutes les espèces de cette planète. Mais c’est aussi la raison pour laquelle nous avons la responsabilité et la capacité d’être les architectes des solutions planétaires qui s’imposent d’urgence.
La Commission sur la gouvernance climatique, un groupe intergénérationnel et interdisciplinaire, composé d’ancien.ne.s dirigeant.e.s mondiaux, de décideurs et de décideuses politiques et de scientifiques, a été créée à l’initiative de la Global Challenges Foundation en partenariat avec le Global Governance Forum et le Stimson Center. Elle a identifié les principales lacunes en matière d’action climatique susceptibles d’accélérer la transition vers une économie nette zéro et nature-positif.
Mettre en forme une nouvelle architecture de gouvernance climatique
La Commission, présidée par Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande, et co-présidée par Maria Fernanda Espinosa Garces, présidente de la 73ème Assemblée générale des Nations unies et par le professeur Johan Rockström, directeur du Potsdam Institute pour la recherche sur l’impact du climat, a pour objectif de développer et de proposer des moyens de libérer l’intelligence et l’ingéniosité humaines collectives pour faire face ensemble au risque existentiel que représente changement climatique.
La Commission s’est concentrée sur la manière de combler les trois principales lacunes de l’action climatique en matière de solutions, de politiques et de gouvernance, qui empêchent la mise en œuvre des solutions nécessaires pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5° C ou moins. Les lacunes et les solutions nécessaires ont fait partie des sujets de discussion essentiels lors de la deuxième réunion de la Commission sur la gouvernance climatique du Villars Institute en juin 2023, où les nouvelles recommandations à prendre en compte face à la « triple crise planétaire » ont été élaborées. Le travail de fond de la Commission vise à informer et à influencer les discussions les plus importantes sur le climat qui se tiennent actuellement dans le monde, avec la publication de son rapport en conjonction avec la Conférence des Nations unies 2023 sur le changement climatique, communément appelée COP28.
Recommandations clés pour un avenir prospère et équitable
Le rapport historique de la Commission repose sur une base consultative véritablement mondiale, comme l’a reconnu la présidente Mary Robinson : « Il s’agit d’une approche moderne et collaborative de la manière dont nous procédons à des changements au niveau mondial. C’est la seule façon de procéder. Nous devons aussi instaurer une collaboration afin d’apporter des changements ». Le rapport formule dix recommandations fortes à court terme sur des questions pratiques et tangibles qui peuvent être résolues immédiatement, suivies de cinq propositions à moyen et à long terme.
La première des recommandations, dont l’importance a été soulignée par Mary Robinson et Johan Rockström lors du lancement du rapport, consiste à rationaliser et à réformer la COP sur le climat en mettant l’accent sur les résultats, l’action et la responsabilité. Elle est suivie par la déclaration officielle d’une urgence planétaire, qui prévoit l’élargissement et le renforcement de la sécurité internationale.
La quatrième des recommandations appelle au renforcement des capacités scientifiques par la mise en place d’un réseau science-politique-action. Mary Robinson est revenue sur la contribution des conseillers médicaux en chef aux pays qui ont le mieux géré la pandémie de COVID en déclarant : « Dans l’ensemble, ils ont pris les décisions difficiles dès le début parce que la science leur indiquait clairement qu’ils devaient le faire. » Elle s’est servi de cet exemple pour démontrer qu’il est manifestement nécessaire de reconnaître davantage, au niveau mondial, l’importance de la science du climat, ce qui serait facilité par la nomination de scientifiques du climat en chef au sein de chaque gouvernement.
Parmi les recommandations à plus long terme figure la nécessité d’un programme environnemental renforcé avec la création d’une agence mondiale pour l’environnement (Global Environment Agency, GEA). « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une agence environnementale à part entière, chargée d'établir des normes et des standards en matière de protection de l’environnement », a déclaré Maria Fernanda Espinosa. Cette agence aiderait les pays à renforcer la responsabilité, le respect et la mise en œuvre de leurs engagements multinationaux en matière d’environnement.
Maria Fernanda Espinosa Garces a également mis l’accent sur les recommandations à moyen et à long terme en matière de réforme financière, en particulier des institutions de Bretton Woods, qui comprennent le FMI et la Banque mondiale. Pour passer de milliards à des milliers de milliards de dollars afin d’atteindre les objectifs climatiques, elles devront concevoir de nouveaux cadres de finance et de gouvernance qui incluent un accès et des prêts accrus pour les pays en développement, qui sont parmi les plus vulnérables et les plus durement touchés par les chocs climatiques.
Ces recommandations, et beaucoup d’autres, sont axées sur la gouvernance en particulier. En effet, les données scientifiques sont formelles quant aux défis auxquels l’humanité est confrontée. Johan Rockström a été très clair à ce sujet : « Ce n’est pas la science qui limite la capacité de l’humanité à avoir un avenir gérable, voire prospère et équitable… C’est la gouvernance, c’est notre choix… c’est notre choix quant à l’avenir que nous voulons ».
Pour plus d’informations sur les recommandations de la Commission sur la gouvernance climatique, regardez son lancement ici et lisez le rapport complet ici.
Adoption et promotion de nouveaux styles de leadership
Les grandes transformations dépendent d’une nouvelle réflexion et d’un leadership audacieux et efficace. L’une des recommandations de la Commission est un appel à une action responsable de la part de dirigeant.e.s influent.e.s par le biais d’un ‘leadership serviteur’. Ce type de leadership s’oppose au leadership basé sur l’égo et l’intérêt personnel et donne la priorité au service du bien commun, en l’occurrence à l’échelle mondiale, pour la planète et l’humanité. Ces recommandations appellent notamment les dirigeant.e.s des principales nations émettant des gaz à effet de serre à « conclure une ‘grand marché’ » d’actions qui auront des effets positifs immédiats sur le climat.
Les qualités d’un.e leader serviteur constituent une partie essentielle des cinq caractéristiques des leaders systémiques. « Une grande partie du leadership systémique est liée à l’intelligence émotionnelle et à la capacité de changer les actions d’un nombre suffisant de personnes, et un changement systémique peut s’ensuivre ».
Nous saluons le travail de la Commission sur la gouvernance climatique qui engage le public et d’autres acteurs et actrices clés à repenser notre gouvernance climatique mondiale afin d'accélérer le changement de systèmes dont notre planète et nos populations ont tant besoin.