Les solutions basées sur la nature : pourquoi elles sont importantes pour notre avenir

Les solutions basées sur la nature : pourquoi elles sont importantes pour notre avenir

Les cycles naturels de la planète produisent la majeure partie du carbone présent dans l’atmosphère. Mais, les activités humaines ont perturbé l’équilibre naturel. Heureusement, la nature a également la capacité de réduire les émissions nocives produites par les activités humaines, telles que la combustion d’énergies fossiles, l’abattage de forêts et l’élevage de bétail. Les remèdes au changement climatique ancrés dans la nature sont appelés « solutions basées sur la nature » et ils peuvent fournir plus d’un tiers des réductions rentables nécessaires d’ici à 2030 pour stabiliser le réchauffement de la planète.

La conception et la mise en place de solutions basées sur la nature nécessitent un leadership de systèmes et une compréhension de la transition énergétique.

En protégeant et en entretenant les espaces naturels, les solutions basées sur la nature favorisent la santé des écosystèmes, grands et petits. Qu’il s’agisse de vastes océans, de forêts et de tourbières, d’exploitations agricoles durables ou de denses poches de verdure au sein de nos villes en expansion, l’importance de ces espaces ne peut pas être assez soulignée. Ils ont un vaste potentiel en tant que puits de carbone, absorbant d’énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2) et ils jouent un rôle vital dans le maintien d’une biodiversité inestimable. Ils sont le couteau suisse des outils de lutte contre le changement climatique.

Le défi de cette approche est que l’on doit « reconnaître et traiter les compromis entre la production de quelques avantages économiques immédiats pour le développement, et les options futures pour la production d’une gamme complète de services écosystémiques.

Nous avons perturbé l’équilibre naturel de la Terre. Nous pouvons contribuer à le rétablir.

En endommageant les puits de carbone, tels que les océans, les forêts et les tourbières, non seulement nous réduisons leur capacité à absorber l’excès de carbone dans l’atmosphère, mais dans certains cas, on inverse même le processus. La préservation de ces ressources naturelles est l’un de nos meilleurs outils dans la lutte contre le changement climatique.

L’activité humaine n’a pas seulement dépouillé l’environnement de ses ressources, elle a également rendu les terres inhospitalières pour les animaux, les insectes et les plantes qui y prospèrent. Environ un million d’espèces sont actuellement menacées d'extinction. Prenons la forêt amazonienne, par exemple : l’institut de recherche brésilien Imazon a rapporté que pendant une année, entre août 2020 et juillet 2021, près de 10 500 km2 de forêt tropicale ont été défrichés - la plus grande superficie en 10 ans. Outre son potentiel en tant que gigantesque puits de carbone, l’Amazonie abrite aussi 3 millions d’espèces de plantes, d’animaux et d’insectes. Lorsqu’une seule partie d’un système naturel est endommagée ou détruite, cela déclenche une réaction en chaîne qui se répercute sur l’ensemble du système, affectant les espèces, les chaînes alimentaires et l’équilibre complexe de la nature. À l’inverse, en développant de façon consciente une compréhension positive de la nature qui nous entoure, on ouvre d’innombrables possibilités non seulement d’apporter des limites mais aussi d’améliorer la façon dont on interagit avec elle. C’est le début du leadership de systèmes.

Les solutions pour le climat passent par une réflexion systémique

Les nations du G7 se sont engagées à préserver 30 % de la planète d’ici à 2030, dans le but exprès de protéger la biodiversité, mais comment y parvenir ? Pour être efficaces, les solutions basées sur la nature doivent remplacer, réparer et sauvegarder l’environnement de manière durable, en fonction de chaque contexte, et en tenant compte des peuples autochtones. Cela nécessite une réflexion systémique de très haut niveau.

Par exemple, beaucoup pensent que les initiatives de plantation d’arbres les plus efficaces sont celles qui sont adaptées à l'endroit où elles se déroulent, en tenant compte des communautés locales et de la biodiversité.

Le Forum économique mondial a lancé l’initiative « Mille milliards d’arbres » en 2020, qui vise à unir les gouvernements, les ONG, les entreprises et les particuliers dans une « restauration de la nature de grande ampleur ». Le projet de la Grande Muraille verte, qui réunit plus de 20 pays, ramène la vie dans la région du Sahel, en Afrique. En 15 ans, 2 millions d’arbres résistants à la sécheresse ont été plantés et 5 millions d’hectares de terre restaurés.

Zeke Hausfather, chercheur influent en climatologie, a mis en garde contre le fait que le « dioxyde de carbone retiré de l’atmosphère n’est que temporairement stocké dans les arbres, la végétation et le sol, tandis qu’une part assez considérable de nos émissions actuelles restera dans l’atmosphère, en grande partie pendant des siècles, voire des millénaires. » Il nous rappelle que « pour que le carbone soit définitivement éliminé en plantant des arbres, il faudrait que les forêts restent en place pendant des milliers d’années. De surcroît, les arbres devraient être plantés sur des terres qui auraient été dépourvues de forêts pendant ces mêmes milliers d’années, si les arbres n’avaient pas été plantés. »

Et il n’y a pas que les arbres et la terre ferme qui doivent être protégés. Dans le monde entier, des initiatives en faveur du climat sont en cours pour protéger et restaurer les océans et les cours d’eau, ainsi que l’étonnante diversité de vies qu’ils abritent. Il s’agit notamment de réserves marines, de la plantation de prairies sous-marines et de mangroves, ainsi que la restauration des zones humides. Le secteur agricole doit également être repensé.

La transformation de l’agriculture est une première étape importante

L’agriculture occupe environ 50 % de la surface habitable de la Terre. Grâce à l’agriculture régénérative, on peut cultiver les terres de manière durable, en mettant l’accent sur la santé des sols. Il y a de plus en plus de preuves qui montrent que les pratiques régénératives protègent les paysages et contribuent à maintenir le carbone piégé dans le sol. De plus, les techniques régénératives nécessitent globalement jusqu’à 45 % d’énergie en moins que les approches conventionnelles, ce qui est favorable pour la planète et pour les revenus des agriculteurs.trices. En travaillant avec la nature tout en transformant nos systèmes alimentaires, on peut relever le défi de nourrir durablement 10 milliards de personnes.

Les solutions basées sur la nature pourront atténuer les effets du changement climatique, protéger la biodiversité et améliorer la santé des humains, mais une approche fragmentaire ne permettra jamais d’en exploiter tout le potentiel. Des changements systémiques et sectoriels sont nécessaires.